« FRERES D’ARMES, une association qui porte bien son nom », par le CF (R) Jean-Louis COVILLE, auditeur de l’IHEDN et parrain de stagiaires étrangers.

Parrainer un officier étranger venu suivre son cursus à l’École de Guerre française (stage d’une année de l’enseignement militaire supérieur), à l’École Militaire à Paris, n’est pas une mission anodine. C’est un véritable engagement au service de ces officiers confiés à la France par leurs pays respectifs. Si la camaraderie doit être le dénominateur commun de la relation, le parrain et son filleul doivent pouvoir s’enrichir de leurs différences et ce dans tous les domaines  (linguistique, culturel, social etc.).

Le parrain est l’Ambassadeur de la France auprès de son filleul qui doit garder le meilleur souvenir de l’accueil qui lui a été réservé et de l’aide éventuelle qu’il aura pu solliciter et obtenir de son parrain.

Choisir un filleul est un acte important et cette démarche doit être mûrement réfléchie. Le choix doit se conjuguer avec l’intérêt porté par le parrain pour le pays d’origine du filleul, son histoire, son peuple, voire les souvenirs personnels du parrain dans le pays du filleul.

La langue n’est pas une barrière puisque les filleuls doivent maitriser la langue de Molière.

Les clignotants doivent donc être au vert dès le départ pour que les chances de réussite du parrainage se déroulent sous les meilleures auspices.

Mon vif intérêt pour les États-Unis, l’Espagne et le Royaume Uni, dans lesquels je me suis rendu à maintes reprises et où je n’ai que de bons souvenirs, ont guidé le choix de la nationalité de mes filleuls mais j’ai eu également, dans un passé récent, l’opportunité d’avoir un filleul argentin, pays où je ne suis jamais allé et ce parrainage fut, à l’instar des autres, une réussite.

Le choix de l’Arme du filleul est également important. Bien évidemment le parrain réserviste aura naturellement tendance à choisir un filleul de son Arme mais l’ouverture aux autres Armes est également synonyme d’enrichissement personnel réciproque.

J’ai parrainé des officiers provenant des trois Armes ce qui m’a permis d’appréhender les motivations de mes filleuls et les raisons de leur choix.

Le fondamental d’un parrainage est l’impérieuse nécessité de conserver les liens parrain/filleul à la fin du cursus. Le parrainage ne doit pas être un CDD et doit s’inscrire dans la durée et s’entendre comme le commencement d’une relation qui a vocation à perdurer dans le temps et ce bien au delà de la présence du filleul en France. J’ai à cœur de conserver le lien avec mes filleuls même s’il est essentiellement épistolaire et rien n’est plus simple aujourd’hui que de correspondre avec eux par courriel, sans oublier les réseaux sociaux.

Pendant leur séjour en France, il est évident que les filleuls doivent être accompagnés dans tous les domaines et pas seulement dans le domaine militaire et j’ajouterai que c’est presque le seul domaine où ils n’ont pas besoin de parrain puisqu’ils sont encadrés par l’institution.

En écrivant ce « retour d’expérience », je pense au Major Paul CHEVAL de l’US Army, au CC  Fernando AGUIRRE PASTOR de la Marine espagnole, au Commandant Christian OBELLA de l’Armée de Terre argentine, au Commandant Manuel SOUTULLO de l’Armée de Terre espagnole et au LCL Rupert JOEL de la RAF que j’ai accompagnés au cours des dernières années. J’espère leur avoir beaucoup apporté et je souhaiterais qu’ils sachent que dans un juste retour des choses, ils m’ont beaucoup donné. Cette année, je parraine le LCL Seward MATWICK, de l’US Air Force.

CF ® Jean-Louis COVILLE

Auditeur de l’IHEDN