Un dîner-débat sur le thème « Interculturalité et relations franco-allemandes » a été organisé par le Club de l’interculturalité et l’EMSOME en partenariat avec l’Institut d’études de géopolitique appliquée et l’association Frères d’Armes le mercredi 5 avril 2023 sous la coupole de la Rotonde de l’École militaire.
Les trois intervenants nous ont fait l’honneur de présenter leur point de vue sur ce sujet, chacun sous un angle différent, mettant bien en évidence l’intérêt que constitue la prise en compte d’une démarche « d’interculturalité opérationnelle ».
Madame la députée Sabine Thillaye a ouvert la soirée par une intervention très éclairante sur les différences de modes de pensée et les variations conceptuelles qui se cachent souvent derrière les termes des deux langues. Évoquant son parcours personnel binational, elle a fait apparaitre tout l’intérêt que représentent une bonne compréhension mutuelle et une relation de confiance pour faire avancer les dossiers de la coopération franco-allemande. Mais la « confiance » elle-même est une notion très « culturelle » et Madame Thillaye notait que Français et Allemands n’avaient pas toujours la même approche dans ce domaine, les premiers accordant facilement leur confiance, mais étant susceptibles de la retirer, tandis qu’elle se construisait plus lentement et progressivement chez les seconds.
La lieutenant-colonelle Annika Heusinger, stagiaire allemande de l’École de Guerre à Paris, a pris le relais pour présenter le résultat de ses recherches et réflexions dans le cadre de son mémoire de scolarité intitulé : « La coopération franco-allemande en matière de défense au prisme de l’interculturalité ». Après avoir décrit les enjeux de la relation bilatérale pour les deux pays et pour l’Union européenne, dans le contexte de guerre en Europe, et dressé l’état des lieux de la coopération avec ses forces et ses faiblesses, elle a plaidé avec conviction pour le renforcement des échanges et des formations militaires communes, gages d’interopérabilité. Mais au-delà d’une augmentation quantitative, c’est surtout une amélioration qualitative qu’elle préconisait, en recommandant une approche d’interculturalité qui pourrait être développée en commun, avec des enseignements partagés.
Enfin, en se basant sur le baromètre EY de l’attractivité de la France 2022 et la 8ème édition de l’étude sur « Les entreprises allemandes en France : situation économique, perceptions et perspectives 2022-2026 » produite par la Chambre Franco-Allemande de Commerce et d’Industrie et EY ainsi que sur son expérience professionnelle en France et en Allemagne, Ludovic Daguerre a présenté de manière générale les relations économiques entre les deux pays, dont les statistiques des marchés, les différences culturelles entre les salariés et les problématiques liées au domaine de la formation des jeunes des deux pays.
Les quarante participants ont posé de nombreuses questions, faisant la preuve de leur intérêt pour les interventions. Mais avant tout, ils ont apporté leurs regards et leurs expériences personnelles, faisant vivre le débat tout au long de la soirée. Notons la participation très enrichissante de personnes de nationalités et d’horizons très divers, notamment de stagiaires internationaux de l’École de Guerre et de personnalités militaires et civiles françaises et allemandes.
Grand merci à tous les participants et bienvenue à tous les nouveaux membres du Club de l’interculturalité.
Général (2s) Philippe Delbos, président des associations Le Club de l’interculturalité et Frères d’Armes.